Lieu de la Journée : Facultés des Lettres et Sciences Humaines Amphi D (Chemin de la censive du Tertre, Nantes)
Argument général
L’ébranlement du patriarcat est un fait dans nos
sociétés occidentales, dont le psychanalyste n’a rien à
regretter. Il lui incombe, par contre, d’en mesurer les effets sur la
subjectivation contemporaine.
Le symptôme se noue désormais autrement, c’est-à-dire
que le Nom-du-Père a muté et que le mythe oedipien défaille
à définir encore le sujet.
Parallèlement, on assiste à la montée en puissance du discours
de la science orchestrée par le discours du capitalisme.
Il en résulte que le désir contourne la loi de la castration,
tandis que la jouissance se revendique volontiers de l’expertise pour
garantir ses objets.
Les effets cliniques de ce glissement sont repérables en maints endroits
: éducation, santé, etc.
Dans l’émergence de ce « nouveau monde », quels «
repères » offre le discours psychanalytique ? Sommes-nous devenus
« père-sans » ? Du père aujourd’hui, est-ce
souhaitable ? nécessaire ? possible ? sous quelle forme ?
Ces questions prolongeront celles explorées lors des précédentes Journées : nouveaux rapports à l’enfant, féminin, perversions ordinaires.
Programme
8h45 : accueil
9h00: Regnier PIRARD (Université
de Nantes, Ecole psychanalytique de Bretagne),
« Ce passé du père »
La consistance imaginaire du père vient de loin.
Freud l’explique par un mythe d’origine. Lacan s’est employé
à l’ «achever» et surtout à en démontrer
la structure logique. Celle-ci s’avère travaillée par un
supplément de jouissance qui excède les limites phalliques. Quelles
conséquences pour la fonction « père » ?
9h30 : Jacqueline LEGAUT (Grenoble,
Association lacanienne internationale),
« Par delà le patriarcat »
Si l’on pose que la mise en place de la fonction paternelle est indissociable
de l’émergence du monothéisme, du fait de l’intériorisation
des interdits et de son corollaire le refoulement, cela nous amène du
même coup à considérer qu’un certain nombre de civilisations,
la civilisation grecque notamment dont nous sommes héritiers, se sont
structurées tout autrement.
Devant ce constat, à la suite des enseignements notamment de Lacan et
de Melman, quelles remarques la psychanalyse peut-elle nous permettre d’avancer
au regard de l’évolution contemporaine de notre société,
qui semble vouloir se passer du patriarcat ?
10h00 : débat
10h30 : pause café
11h00 : Charles MELMAN (Paris, Association
lacanienne internationale),
« Papa châtré, quel plaisir ! »
Un vieux fantasme de l’humanité est en train de se réaliser.
Les hommes eux-mêmes s’y prêtent, bien sûr, affranchis
ainsi des contraintes de la paternité. Voulons-nous déchiffrer
la nouvelle normalité ?
11h30 : Sol APARICIO (Paris, Forums du Champ
lacanien),
« Les parents sont-ils sexués ? »
La psychanalyse est aujourd’hui sollicitée de se prononcer sur
des questions de société qui dépassent le champ clinique
qui est le sien. Mais il est possible de constituer ces questions en matière
de réflexion à partir des concepts psychanalytiques. En appui
sur l’enseignement de Lacan, la question de la sexuation des parents sera
examinée.
12h00 : débat
13h00 : déjeuner
14h45 : Marie-Claire BOONS-GRAFE (Université
de Paris-VIII, Asphère),
« A condition de s’en servir »
Que signifie aujourd’hui cette formule, « S’en servir »,
qui amarre la supposition du signifiant « Nom-du-Père » au
« Pouvoir s’en passer » ? Qu’est-ce que se servir de
ce dont on se passe ? Commenter, interroger cette question, en réfléchissant
à la solution introduite par le « sinthome », neuve écriture
du symptôme, avancer à son propos quelques hypothèses.
15h15 : Sidi ASKOFARE (Université de Toulouse, Forums
du Champ lacanien)
« Le génie du sinthome »
S’il est facile de s’accorder sur les mutations sociétales
qui ont suivi l’ébranlement du patriarcat en Occident, les conséquences
concrètes quant à la pratique analytique (ses conditions, ses
ressorts, sa solution au malaise) et le mode de subjectivation qu’elle
promeut – la conversion, sous transfert, du symptôme en sinthome
– restent insuffisamment explorées. Le problème urgent à
examiner semble dès lors être celui de l’incidence des discours
de la science et du capitaliste sur les types de symptôme mais aussi et
surtout sur le transfert. Qu’est-ce qui fonde ce dernier dans un univers
où le père n’est plus « celui qui mérite l’amour
», où le savoir est une marchandise et où l’objet
censé causer le désir est à portée de main ? Les
symptômes (a)paternels sont-ils rebelles au transfert et donc structuralement
inanalysables ou doit-on leur supposer un génie spécifique qui
fournirait au sujet « narcynique » de la postmodernité le
moyen –incompatible avec la solution psychanalytique – de se passer
du père sans avoir jamais su ou pu s’en servir ?
15h45 : débat général
17h00 : clôture de la Journée