Psychanalyse à Nantes

L'affaire 52

La question de la psychothérapie

Les commissions qui vont délivrer l’autorisation à faire usage du titre de psychothérapeute se réunissent, elles ont commencé à répondre aux candidats. Déjà quelques institutions exigent cette autorisation pour certains recrutements.
Il aura fallu quinze ans, de projets de loi en amendements de textes déjà amendés, d’articles de lois frappés de contradiction interne en décrets d’application… inapplicables, pour en arriver à ce point : en France, comme dans d’autres pays d’Europe, il y aura désormais des « psychothérapeutes » autorisés. Et donc d’autres qui seront S.G.D.G., soit toujours passibles de poursuites pour exercice illégal de la psychothérapie (c’est actuellement le cas en Italie).
D’où une première question : puisqu’il s’agissait pour les pouvoirs publics de protéger les citoyens contre les charlatans et les malversations sectaires, n’est-il pas à craindre que le remède soit pire que le mal ?
En quoi cela concerne-t-il les psychanalystes ? Pour le moment, et grâce à la mobilisation des psychanalystes regroupés de façon diverse ( voir ci-après le texte de Jean Perroy), ce titre échappe à la réglementation ; pour combien de temps ?
En quoi cela concerne-t-il la psychanalyse ? La question doit être reposée, à l’heure où des psychanalystes participent aux commissions d’attribution du titre de psychothérapeute, à l’heure où des sociétés de psychanalystes prennent place sur le marché de la formation des psychothérapeutes. La transmission de la psychanalyse, de plus en plus exclue de l’université, est-elle aujourd’hui à ce prix ?
Sur ces questions, il n’y a pas de consensus. Des débats, aussi vifs que nécessaires.

« Psychanalyse à Nantes » se propose de relancer ce débat, et propose à celles et ceux qui le souhaitent d’y apporter leur contribution, qui peut d’ores et déjà prendre la forme de propositions de textes, ou de réponses et réactions critiques aux articles qui constituent ce dossier. « L’affaire des psychothérapies » a trouvé son inscription législative, celle-ci est en cours d’application : souhaitons qu’elle ne donne pas aux psychanalystes prétexte à « s’endormir du sommeil du juste ».

" L'affaire 52" et ses conséquences pour la psychanalyse / Jean-Yves Méchinaud, octobre 2011.

Il est intéressant de revenir sur un sujet d'actualité : la question de la psychothérapie. Un article de Jean-Claude Maleval, récemment paru , m'en donne l' occasion.
Dans ce texte, celui-ci témoigne de sa reconnaissance envers Jacques - Alain Miller qui aurait inspiré la rédaction du Décret d'application de l'article 52 de la loi règlementant l'exercice de la psychothérapie et a pu obtenir un texte de compromis qui maintiendrait une différence entre la psychanalyse et la psychothérapie et qui ne cèderait pas sur le principe de l'analyse profane.

Cette loi garantit-elle, comme il l'affirme cette distinction essentielle ? Rien n'est moins sûr. Il est vrai qu'un psychanalyste peut rester complètement en dehors du champ d'application de cette loi qui ne l'oblige pas à se déclarer psychothérapeute et par conséquent à demander son inscription sur le registre des psychothérapeutes. Pour autant, elle établit que parce qu'un tel est psychanalyste, il est par surcroît psychothérapeute et peut donc être reconnu comme tel. C'est dire que pour la première fois, sans résorber la psychanalyse dans la psychothérapie, une loi française se prononce sur la nature de la psychanalyse ...

Télécharger la suite du texte / document Word

Le magicien, l'autocrate et le tenant-lieu / Bernard Brémond, octobre 2011.

En ce qui concerne la souffrance psychique et les troubles mentaux, et si l’on entend par “psychothérapie” une méthode visant la disparition des symptômes qui motivaient la plainte et les retrouvailles avec un état de satisfaction et d’harmonie avec soi-même, alors la psychanalyse ne peut se prévaloir d’aucun monopole ni d’aucune prérogative. Non parce qu’elle n’aurait pas d’effet “thérapeutique”; mais parce qu’elle est d’abord autre chose, qu’elle vise d’abord autre chose, même - et surtout - si on ne l’aborde que poussé par une souffrance et des symptômes.

Il faut d’abord préciser que l’amélioration, la suppression, voire la guérison des difficultés et troubles psychiques peuvent être obtenues de multiples façons, et même par n’importe quoi: c’est à dire que, le cas échéant, “tout” peut marcher. Et les méthodes psychothérapiques les plus diverses, des plus élaborées aux plus farfelues, sont en mesure de s’enorgueillir de succès thérapeutiques parfois spectaculaires, à l’instar de pratiques humaines fort diverses comme en ont inventé toutes les sociétés et toutes les époques. En réalité, aujourd’hui, il n’est plus possible de parler de “la psychothérapie”: la psychothérapie n’existait qu’avant l’invention de la psychanalyse par Sigmung Freud...

Télécharger la suite du texte / document Word

Contribution à l’ouverture du dossier sur les conséquences pour la psychanalyse des articles de loi 52-91 / Jean Perroy, 18 octobre 2011.

Merci à Bernard Brémond et à Jean-Yves Méchinaud de relancer ainsi notre réflexion sur les questions fondamentales que pose l’affaire des psychothérapies.

« L’AFFAIRE DES PSYCHOTHÉRAPIES » - C’est ainsi que j’ai désigné, dès un texte de 2002, l’ensemble complexe des initiatives suscitées, depuis 1995, par la rencontre de deux projets : celui d’un député, le docteur Accoyer, soucieux de faire obstacle aux dérives sectaires et celui des psychothérapeutes s’associant en fédérations pour l’obtention d’un statut légal.

Mon texte de 2002 (voir revue du Cercle Freudien : « Che vuoi ? », n° 17), vise à montrer comment l’ensemble des psychanalystes est concerné par l’affaire des psychothérapies et comment cette affaire est l’occasion d’un « exercice en grandeur réelle » de politique pour la psychanalyse.

C’est donc une vieille histoire ! Depuis 16 ans, périodiquement, elle vient questionner - j’allais dire « réveiller » - les psychanalystes et leurs associations. Les points de vue soutenus sont parfois divergents, voire polémiques. Ils ont donné lieu à de multiples débats.

Les textes de Bernard B. et de Jean-Yves M. ont l’intérêt d’apporter quelques données claires, bien faites pour ouvrir le dossier en question sur le site de « Psychanalyse à Nantes ». Leur initiative donne forme, du même coup, au contenant nécessaire à l’accueil de nos questions et de nos élaborations...

Télécharger la suite du texte / document Word

La psychanalyse peut-elle être comptée parmi les psychothérapies ? / Texte écrit en mai 1998 par Rosa GUITART, Jean PERROY, Claude PONT / décembre 2011

Note 2011 de Jean Perroy : ce texte a été écrit alors que l’affaire des psychothérapies était encore à son premier temps et que se précisait sa dimension politique :
- les psychothérapeutes venaient de s’organiser en fédérations (FFdP et AFFOP) pour lancer, fin 1997, un grand « mouvement en vue d’obtenir un statut légal pour leur métier » (Le Monde, 4 décembre 97).
- le Secrétariat d’État à la Santé (B. Kouchner) décidait, début 1998, de rencontrer individuellement les responsables des principales organisations professionnelles, y compris les présidents de plusieurs associations psychanalytiques.
- l’Assemblée nationale attendait l’occasion de mettre en discussion la question des psychothérapies ; le premier amendement et la première proposition de loi concernant l’usage du titre ont été déposés en mai et octobre 1999 (B. Accoyer).

Début du texte :

La grande diversité des pratiques regroupées sous le nom de psychothérapies ne permet pas de parler d’une spécificité de « la » psychothérapie : qu’y a-t-il de commun entre maïeutique, cri primal, gelstalt, P.N.L., sophrologie, etc ?
On peut certes considérer que les psychothérapies ont comme objet commun la souffrance psychique et qu’elles se donnent un même objectif : opérer dans le psychisme les modifications propres à apaiser cette souffrance. Mais se contenter de cette approche commune et justifier de cette façon un certain regroupement, ce serait laisser croire que toutes les pratiques ainsi regroupées se réfèrent à une même conception du sujet humain, ainsi qu’à une conception identique tant de l’étiologie de la souffrance que des modifications repérées comme possibles et souhaitables en vue de son apaisement.
Or, il n’en est rien. Les effets attendus de méthodes si différentes ne peuvent être les mêmes, car elles se réfèrent à des conceptions radicalement différentes du « Sujet ». Il appartient aux divers praticiens de définir ces conceptions et de préciser la méthode que chacune d’elles leur paraît commander...

Télécharger la suite du texte / document Word

Les psychanalystes face à l’article 52 / Pierrick BRIENT, janvier 2012

La psychanalyse fût forcée de s’inclure dans le projet de loi sur le titre de psychothérapeute, sinon elle risquait d’être rejetée vers l’occulte. La psychanalyse ne peut que rester adossée au discours de la Science (L’article 52 et son décret voudrait aussi établir la Bonne Science Psychothérapeutique). Adossée au discours de la Science parce qu’elle s’appuie sur une expérience, mais aussi au sens où elle en est, de ce discours, le symptôme. Et donc aussi au sens où elle durera tant que le discours de la Science perdurera, pouvait dire Lacan.

Les débats sur l’article 52 ont donc abouti à une sorte de compromis, où la psychanalyse se retrouve incluse sous une forme dénégative puisque la pratique psychanalytique ne semble pas concernée : il s’agit de l’usage du titre de psychothérapeute. D’un côté, on pourrait se dire que les psychanalystes s’en tirent bien, leur pratique se trouvant comme légitimée, reconnue, et préservée ...

Télécharger la suite du texte / document Word

 


 

Les avis, réactions et contributions au débat sont à adresser à psychanalyseanantes@free.fr

Haut de page