Cela fait déjà dix ans qu'est paru l'ouvrage d'entretiens de Charles Melman, « L'homme sans gravité ». Le succès d'édition de l'ouvrage autant que les controverses qu'il a suscitées dans la communauté analytique sont venus en indiquer l'importance.
La journée se propose de ponctuer la question dix ans après.
Père ou pas, une soustraction de jouissance doit toujours être opérée pour que du sujet puisse advenir : faute de cette opération, c’est l’assujettissement à l’Autre qui est immédiatement - et c’est le cas de le dire -au programme.
Et ce n’est pas parce que nous pouvons nous référer à la façon dont les anciens se sont acquittés de cette tâche que nous entérinons l’exclusivité de cette manière-là de procéder. Mais ce n’est pas non plus une raison pour ne pas nous demander si les modalités actuelles s’acquittent toujours de la tâche de fournir des repères culturels qui favorisent le désassujettissement.
C’est d’ailleurs à cet endroit que le travail de Lacan a été et est aujourd'hui décisif puisque la fin de son œuvre a consisté à conceptualiser la manière dont la nomination pouvait prévaloir sur le nom toujours déjà là du Nom-du-Père, comment le travail de nommer pouvait prendre le pas sur le fait de se mettre à l’abri sous le Nom.
Il s'agira donc de poursuivre ce travail entamé avec L'homme sans gravité en s’engageant davantage dans l’actualité de notre clinique et en consentant à rendre compte de la façon dont nous travaillons aujourd'hui les effets des changements auxquels nous sommes confrontés.
Nous "profiterons" de la présence de Camille Laurens, une des auteurs contemporaines majeures de "l'écriture de soi" qui a récemment dans "Romance Nerveuse" (Folio n°5308) écrit l'histoire d'un paparazzi qui pourrait servir de cas paradigmatique de la Nouvelle économie psychique.

J.-P. Lebrun, mars 2012